Nous avons tous des pensées, des croyances, des peurs imaginaires qui nous nuisent. Que pouvons-nous en faire ?
1/ Découvrir une croyance non bénéfique
Pour changer une attitude intérieure non bénéfique, la première étape est toujours d’en prendre conscience. Tant que le mécanisme nuisible n’est pas détecté, impossible d’en changer la programmation.
Imaginons que j’ai une pensée inconsciente qu’avec 10 kilos de trop, je suis ou serais disgracieuse. Il y a de fortes chances pour que je fasse tout pour ne pas prendre de poids ou que je me reproche d’avoir pris ces 10 kilos, sans savoir dans un premier temps pourquoi cela me fait vivre autant d’émotions.
Selon le triangle de la vie (voir article précédent), comme je focalise de plus en plus sur mon poids, ma croyance se renforce et donc plus je vais trouver que les personnes autour de moi qui ont 10 kilos de trop sont disgracieux(ses). Je peux parfois juste le penser. Je peux parfois leur suggérer un régime. D’autre fois, je vais leur faire savoir qu’il/elle ne me plaît pas vraiment ainsi, par exemple, en disant qu’il/elle devrait choisir des vêtements plus amples.
Ce sont les indices de ma pensée inconsciente. Si quelque chose me dérange chez l’autre, c’est que cela me dérange pour moi aussi.
Comme mon moi profond sait que ma pensée n’est pas d’amour, ni pour moi, ni pour les autres, je vais assez vite avoir des personnes dans mon environnement qui vont me reprocher mon embonpoint ou me faire savoir qu’il/elle n’accepterait pas que je prenne du poids. Ils sont là pour m’aider à découvrir ma croyance erronée.
Comme celle-ci est de plus en plus forte, j’aurai de plus en plus de mal à stabiliser mon poids. Je vais devenir ce que je ne veux pas, disgracieuse.
Un jour, je deviens consciente de mon association péjorative : kilos en trop = être disgracieuse et je peux donc entamer le processus d’acceptation.
2/ Découvrir la peur derrière une croyance non bénéfique
La deuxième étape est de découvrir la peur qui se cache derrière ma croyance.
Admettons que j’ai pris ces 10 kg et je me trouve disgracieuse. Je me sens moche, j’ai honte de moi, j’ai l’impression que dans la rue les gens me scrutent avec désapprobation, me rejettent. De quoi ai-je peur pour moi ?
Que mon conjoint me quitte, d’être rejetée par mes collègues, d’être humiliée, insultée, de faire honte à mes enfants, d’être licenciée car mon métier exige certains critères physiques….
Admettons que ma plus grande peur est de faire honte à mes enfants.
3/ Quand et pourquoi avez-vous eu peur la première fois
Pour changer une croyance, il peut-être utile de savoir comment elle est née. Dans mon exemple totalement fictif, vers 8 ans, j’ai eu honte de mon père car les enfants de l’école l’appelait « grosse patate ». Je ne veux pas que mes enfants vivent ce que j’ai vécu.
Ce pourrait être parce que ma mère avait honte de sa propre mère. … Si vous ne trouvez pas, passer simplement à l’étape suivante. En effet, si l’événement a eu lieu dans votre petite enfance, vous n’en aurez pas forcément le souvenir.
Si vous voulez vraiment découvrir ce qu’il y a eu, des méthodes existent pour vous aidez à le découvrir (régression, hypnose, dialogue intérieur …).
4/ Avoir de la compassion pour soi
A ce stade, l’étape 3 vous aide déjà à accepter un peu votre croyance : c’est une souffrance réellement vécue qui est à l’origine de votre pensée non bénéfique. Vous avez cru, à une époque, qu’avoir cette croyance vous empêcherait de souffrir à nouveau.
Accueillir votre émotion de l’époque ou du moment présent est un premier pas pour changer votre croyance en constatant que cette croyance n’a pas eu l’effet escompté. Ce que vous craigniez est quand même arrivé ou alors cela vous coûte beaucoup de sacrifices pour que cela n’arrive pas.
Accueillir son émotion, cela peut paraître incompréhensible à certains d’entre vous. En effet, vous pouvez avoir pris l’habitude de ne pas sentir vos émotions. Vous avez une forme de déni qui vous sert de protection. De ce fait, le premier pas est de les laisser émerger. Pour cela, vous devez vous arrêter d’agir régulièrement et vous demander « comment je me sens maintenant ? ». Quand vous découvrez une émotion, le pas suivant est de lui donner le droit d’être là, de ne pas vous jugez de vivre de la colère, de la peine, de la rancœur, du dégoût, de la culpabilité, de l’injustice, …
Nos émotions sont autant de moteurs dans notre vie. Si je me sens révoltée à cause de comportements racistes, je vais agir pour plus de tolérance entre les peuples. Si j’enterre ma révolte, je ne ferais rien.
Les émotions ont un sens, une raison d’être, même si cela fait mal parfois.
5/ Négocier avec son ego
Pour changer une croyance, deux solutions, annuler la croyance ou la remplacer par une nouvelle croyance, bénéfique cette fois.
C’est plus facile à dire qu’à faire car l’ego résiste, surtout au début. Je vous invite à persévérer.
Voilà une première piste : ré-écrire l’histoire avec un vécu heureux ou neutre car l’ego ne fait pas la différence entre la réalité et l’imaginaire. L’ego vit au présent, donc utilisez le présent quand vous écrirez l’histoire.
Dans l’exemple, je vair revivre la scène où mon papa arrive à l’école. Au lieu que les enfants le nomment « grosse patate », ils sont tellement impressionnés par son physique qu’ils l’admirent en ce disant qu’un homme comme cela, on ne doit pas venir lui chercher des poux.
Mais cela pourrait être simplement que les enfants me disent qu’il a l’air vraiment sympa.
Cela peut être aussi que je sente que même si ces enfants immatures et ignorants insultent mon papa, j’aime mon papa comme il est et reste heureuse d’avoir ce papa là. Le plus important est que je ressente en moi l’émotion de la nouvelle scène pour que l’ego la mémorise. Si cela reste une démarche purement intellectuelle, cela ne suffira pas.
Il vous faudra peut-être refaire ce processus 2 à 3 fois pour obtenir le résultat attendu.
C’est à vous de voir ce que serait votre réaction aujourd’hui, adulte que vous êtes, si vous rencontriez la même situation.
Deuxième piste : questionner les personnes sur leurs pensées au lieu de penser à leur place car mon ego peut m’induire en erreur.
Je demande à mes enfants s’ils ont honte de moi. S’ils disent oui, dans quel cas ? Ce peut être pour une raison très différente de celle que j’imagine. Ils pourraient me répondre qu’ils ont honte quand je leur fais la morale sur ce qu’ils mangent devant leurs camarades, mais absolument pas de mon physique.
Il existe d’autres pistes pour remettre votre ego sur la bonne voie (EFT, dialogue intérieur, EMDR, …).
6/ Accepter complètement ce dont on a peur
Pour transformer une croyance, acceptez ce que vous ne voulez pas voir arriver.
La révolte gronde en vous à cette idée ? Et pourtant, il n’y a pas d’autres chemins pour arriver à ce qu’on veut vraiment.
De ce fait, il est utile d’écrire toutes les conséquences possibles pour voir si elles sont toutes gérables pour vous, même si ce n’est pas votre préférence de les vivre.
Est-ce que je peux accepter que mes enfants aient hontes de mon poids ? Si cela arrive, comment je peux y faire face ? Je décide d’en discuter avec eux pour que nous trouvions ensemble une solution…. Est-ce que la solution me convient ?
Si cela reste impossible pour vous, une consultation avec un professionnel reste une option pour apprendre à apprivoiser votre peur petit à petit.
En revanche, si vous avez la certitude que vous pouvez accepter que vos enfants aient honte de vous sans vous critiquer et en étant convaincu(e) que vous pouvez vivre avec cela, votre croyance va disparaître. Je ne peux promettre que les 10 kilos partiront eux-aussi, mais c’est possible….
Bon cheminement à vous