« Le bonheur n’est pas dans la recherche de la perfection, mais dans la tolérance de l’imperfection » Sagesse bouddhiste
Enfant, j’ai cru ce que les adultes me racontaient (mais avec un peu de sens critique ne me montraient guère) : la perfection est atteignable et doit être un but, voir ton seul but. Mes parents, mes nounous, mes enseignants, mes moniteurs, … m’ont demandé d’être une parfaite enfant, élève et citoyenne. Ils ne l’ont pas fait dans des termes aussi clairs, je vous l’accorde. C’était plus subtil.
Selon ma pensée et en faisant un peu dans le caricatural :
- l’élève parfait écoute, apprend ses leçons et restitue bien ses leçons de manière à ce que l’enseignant se sente valoriser. Même si l’élève n’a pas un QI très élevé, il est parfait :
– s’il donne le sentiment à son professeur qu’il progresse et
– s’il se fait discret pour ne pas déranger la classe.L’élève, s’il agit toujours ainsi ne dépassera jamais le maître. Pour dépasser son maître, il doit devenir un élève imparfait. Il doit douter de ce que lui dit son enseignant, le remettre en cause, l’expérimenter pour le valider ou non, et tester ses propres théories.
Disons-le tout net : il est peut probable que l’enseignant apprécie que l’élève le contredise franchement devant toute la classe. Il risque de passer du statut d’élève brillant à perturbateur. N’en faisons pas trop. Restons léger !
Je pourrais faire le même genre de développement pour l’enfant parfait.
Alors, si l’apprentissage pour mieux maîtriser une activité, un art est un but honorable, correspondre aux critères de perfection des autres peut rapidement devenir néfaste pour soi et même pour les autres. Les madame et monsieur « parfait » ne sont pas toujours très attirants. Je préfère ceux avec qui je peux me détendre. Pas vous ?
Si de temps en temps, un objet, un lieu est d’une telle pureté qu’on ne peut que lui accrocher la mention « parfait », il n’est pas rare pourtant d’aimer vraiment quelque chose d’imparfait et même de lui donner une valeur marchande très élevée. Van Gogh n’était pas le roi de la perspective et pourtant…
L’homme est imparfait, il faut s’y faire. Il ne détient pas la « vérité » même s’il le croit sincèrement. Je pense que nous avons tous eu un enseignant ou un parent qui nous disait une « vérité » et quelques temps plus tard, un autre « sachant » ou une révolution dans les sciences nous indiquait une autre « vérité ». Qui a donc raison ? La transmission des savoirs est elle-même très imparfaite. Elle est souvent approximative, exagérative, déformante… il faut bien donner envie !
Donc atteindre la perfection est un leurre, une utopie qui se localise dans la tête et qui est inutile, voire parasitaire.
Si nous voulons vivre heureux, nous avons à accepter que le monde, nous-même, nos voisins montrent des aspects imparfaits. Ou le contraire ! Comprendre que ce que nous croyons imparfait est en vérité parfait, sauf que nous ne voyons pas en quoi c’est parfait. C’est une question de choix et de vision.
Et en même temps, le parfait n’existe que parce que l’imparfait existe. Et qui plus est, ce qui est parfait pour nous-même est toujours imparfait pour un autre être de ce monde.
S’il y a eu un monde parfait, comme certains le pensent, était-ce quand les hommes étaient assez peu nombreux pour ne manquer de rien, ni gibier, ni cueillette, ni eau ? Était-ce parce que nomades, ils se déplaçaient pour trouver l’environnement adapté à leurs besoins et qu’il n’y avait aucun propriétaire terrien ?
Je vous laisse méditer sur cette question…