En introduction, je pars du principe que nous avons trois corps : le corps physique, le corps émotionnel et le corps mental.
Le corps physique, c’est par nature le lieu de nos sensations au travers des cinq sens.
Le corps émotionnel est l’endroit où toutes les émotions naissent, que l’on parle d’un émerveillement ou d’une frustration.
Le corps mental est l’endroit où sont stockés nos expériences, nos pensées, nos jugements, notre analyse. C’est aussi là que se loge notre ego.
L’ego
Parlons un peu de cet ego. Nous avons tous un ego et heureusement. Notre ego est la somme des mémoires de notre passé, de nos valeurs, des croyances (bénéfiques et non bénéfiques) que nous avons élaborées au fil des expériences de vie. L’ego a également créé un certain nombre de programmations automatiques.
Plusieurs de ces automatismes sont très utiles, notamment quand il s’agit de marcher, de respirer, de digérer, de calculer, de parler…
D’autres sont nuisibles, car nous n’avons plus la maîtrise de nos réactions et donc de notre vie. C’est ainsi que face à une situation que l’ego reconnaît, il nous pousse systématiquement à agir comme dans le passé. Sauf qu’à présent, cela nous apporte plus d’ennuis que de résolutions de problème.
Je vous explique par un exemple.
Mon patron m’adresse une critique sur mon dernier dossier. J’interprète aussitôt qu’il remet en cause mes capacités, mes aptitudes. C’est une des croyances que j’ai élaborée dans mon enfance, en général, avant l’age de 7 ans.
Je mets donc immédiatement mon masque de personne soumise en m’excusant platement. C’est ce qui m’a sauvé dans l’enfance. Je cherche inconsciemment à m’assurer de pouvoir conserver l’amour (respect, reconnaissance…) de mon patron pour garder mon poste. Dans l’enfance, j’étais dépendante de l’amour de mes parents pour ma survie.
Maintenant, je suis une adulte. En prenant un temps de recul (même après avoir déjà réagi), je peux réaliser que l’amour de mon patron et la critique qu’il vient de me faire ne sont pas nécessairement liés. Sa critique est plutôt constructive et peut m’aider à atteinte mon objectif plus facilement ou offrir un meilleur service à mon client par exemple. Imaginons que la critique soit faite avec agressivité, j’ai d’autres moyens que la soumission pour garder ma paix intérieure. Je pourrais lui demander calmement s’il y a une raison particulière à sa réflexion. Selon la réponse, comprendre où est le véritable problème pour lui.
En effet, nous avons une tendance à focaliser sur nous-même alors que la plupart du temps, l’autre nous parle de lui, certes maladroitement. Un patron qui vous tombe dessus est toujours un patron qui vit une peur pour lui.
Je vous rassure, il y a moyen de reposer notre ego à sa juste place si vous en avez assez d’avoir les mêmes résultats insatisfaisants.
Le corps physique a ceci de merveilleux qu’il est le lieu où la paix se restaure.
Si je suis dans le rejet d’une situation (la critique de mon patron), c’est mon mental qui me fait réagir à la situation. Je vais sentir une émotion généralement négative, de l’agacement et un sentiment d’injustice : n’ai-je pas fait tout ce que je pouvais pour qu’il soit content de mon travail ?
Tous mes corps sont agités. Au niveau physique : il est probable que je fasse les cent pas, que mon pouls accélère, que je transpire… Au niveau mental : c’est un flot de pensées sur le pourquoi il me dit cela et d’ailleurs, il m’a déjà fait une remarque la semaine dernière, il ne croit donc plus en la qualité de mon travail pour être sur mon dos comme ça… Au niveau émotionnel : je me sens rejeté(e), humilié(e), abattu(e), démotivé(e), …
Pour faire cesser le flot des pensées, revenez dans votre corps, respirez en conscience, en sentant la température de l’air qui entre, qui sort, en ayant conscience que vous soulevez les épaules au lieu de gonfler tranquillement le ventre… Puis faites comme un scan de votre corps depuis la tête jusqu’au pied afin de sentir où votre mal-être se situe : bourdonnement dans les oreilles, nœud dans la gorge, oppression au niveau de la cage thoracique, boule au ventre, douleur en bas du dos… Restez observateur de chaque sensation ou de vide. Est-ce que ça prend beaucoup de place ? Est-ce que c’est lourd, léger ? … Puis, portez votre attention sur comment vous vous sentez et accueillez ce que vous ressentez. Oui, je me sens minable, triste et désemparé pour le moment. Je me donne le droit de me sentir comme cela car c’est ce que, enfant, j’ai ressenti et que je n’ai pas pu exprimer.
Petit à petit le calme va revenir en vous. Les pensées vont se poser sur les questions utiles. Qu’est-ce que je veux pour moi dans cette situation ? Comment je peux aller vers cela ?
Ensuite, action !
Prenons un nouvel exemple.
Dans le bus une personne m’injurie sans raison. Mon mental juge que c’est absolument intolérable d’être insulté(e) en public, d’autant que je ne connais pas cette personne.
Si je laisse mon ego agir par peur pour mon intégrité physique ou pour mon image, je vais ou fuir ou contre-attaquer.
Si je fuis en quittant le bus, je devrais assumer mon retard au travail.
Si j’argumente tout haut que je ne connais même pas cette personne et cherche à prouver mon innocence et à mettre le public de mon côté, c’est comme si j’étais coupable, je risque de ressasser la situation toute la journée.
Il se peut qu’en désespoir de cause, j’agresse l’autre pour le faire taire, avec les conséquences préjudiciables que cela pourrait avoir.
Globalement, je ne contrôle plus grand chose et rien de très positif ne pourra ressortir de mon action-réaction.
Pour revenir à la paix intérieure, il y a un autre moyen (sauf s’il s’agit d’un risque réel pour ma vie). Inutile de combattre, de fuir ou d’argumenter, je vais d’abord respirer par exemple jusqu’à ce que mon cœur se calme, que mon souffre reprenne son rythme naturel. Puis je me concentre sur mes sensations (tremblements ou mains moites, cœur palpitant, souffle raccourci, nausée…) et mes émotions. Je vais progressivement sortir de la peur d’être jugé(e), attaqué(e), de la colère et du sentiment d’injustice.
Je vais alors pouvoir définir ce dont j’ai besoin dans cette situation : je veux poursuivre mon trajet dans le calme et arriver au travail l’esprit clair et libre. Qu’est-ce que je peux faire pour cela ?
Faire une saine colère si nécessaire
Quand un individu est agressif, il est parfois suffisant de rester impassible pour qu’il aille déverser son acidité sur d’autres ou simplement s’arrête. Dans d’autres cas, il peut être nécessaire de faire une saine colère, c’est à dire de rétablir les limites.
Servez-vous de l’énergie de la colère.
1/ Adoptez une posture alpha. La posture alpha, c’est le torse bombé, les pieds écartés, la tête haute, le regard qui fait face, le corps bien stable sur le sol.
2/ Parlez d’une voix forte que l’on va entendre du premier coup (sans crier) et qu’on va écouter, car elle est assurée. Ceci permettra de demander à l’autre de changer de comportement et d’aller vers son besoin du moment.
Ce pourrait être « Je comprends que quelque chose t’a contrarié et que tu as besoin de te défouler sur quelqu’un sauf que moi, je refuse de recevoir plus longtemps tes insultes. J’ai besoin d’arriver au travail l’esprit calme et clair donc si tu n’arrêtes pas immédiatement, je serai obligé(e) de prévenir la sécurité et de porter plainte contre toi ».
3/ Observez la réaction et agissez en conséquence de celle-ci comme vous l’avez annoncé.
Communiquer de cette manière est impossible sans avoir pris le temps de se recentrer sur ses sensations et ses besoins dans la situation.
Faire ce procédé nécessite de créer un réflexe nouveau, dès que je vis un stress : me dire de me focaliser sur au moins un de mes sens.
Vous pouvez vous dire que cela prend trop de temps de faire ce processus. Avec de l’entraînement, cela devient de plus en plus rapide et facile, c’est comme pour tout apprentissage (apprenti sage).
Je vous invite à faire l’essai et à le répéter encore et encore.
Bien à vous.
Bonjour Madame Je déménage prochainement et n’aurai plus l’occasion de participer aux conférences que vous proposez. Je souhaiterais de ce fait être retirée de votre liste de diffusion. Je vous souhaite une bonne continuation. Bien cordialement Nathalie CHARPENTIER