Dans tous les couples, il y a des moments difficiles, des passages à vide, des conflits.
D’après mon expérience, face à une crise, quelque soit son ampleur, plusieurs attitudes peuvent être progressivement adoptées. Il se peut qu’elles arrivent dans un ordre différent de celui de cet article ou même qu’une seule attitude soit adoptée. Cela dépend de la situation, du contexte, de votre état de conscience….
1/ Le déni
Ce n’est pas si grave (ça l’est, en fait, la plupart du temps). Ça ne me touche pas (vraiment ?). Il/elle n’est pas mauvais(e) (pour qui ?).
Pourquoi cela ne marche pas ? Quelque chose qui vous pique et que vous ne voulez pas voir est comme une écharde. Ça gène, ça peut faire mal, le corps veut l’éjecter, ça peut s’infecter, dans tous les cas, c’est toujours là tant que cela n’a pas été traité. Il faut crever l’abcès ou ouvrir la peau pour véritablement guérir. C’est pareil pour la crise. Pour en sortir, il faut bien la regarder et opérer.
2/ Attendre que cela se résolve tout seul
On ne nie pas ou plus le problème, mais on ne fait rien. Dans un optimisme passif, on pense que cela va se résoudre tout seul avec le temps. C’est arrivé une seul fois. Ça ne va peut-être plus jamais arrivé.
Ça fait 6 mois qu’on a pas fait l’amour, mais ça va sûrement revenir bientôt. Si j’en parle, ça risque de faire grossir le problème.
Pourquoi cela ne marche pas ? Quand on ne fait rien, on doit s’attendre à ce que rien ne change. Ainsi, la situation problématique va demeurer, va même devenir de plus en plus difficile : plus le temps passe, plus c’est dur d’aborder le sujet. Et puis, notre patience a ses limites. Quand la limite est atteinte, l’expression du mal-être subi va probablement être radicale.
3/ Se raisonner et/ou trouver des excuses à l’autre
Je ne vais quand même pas en faire un drame. C’est normal qu’on ne soit pas toujours sur la même longueur d’onde. Il/elle ne l’a pas fait exprès de me rabaisser devant nos amis. Il/elle ne s’est pas rendu(e) compte. Je dois être au-dessus de tout cela. Je ne suis pas parfait(e) non plus. Il/elle avait sûrement une bonne raison (laquelle?).
Pourquoi cela ne marche pas ? Quand on perd progressivement l’estime que l’on porte à l’autre ou à soi, on accumule de la colère, voir de la rancœur. Le venin sournoisement fait son chemin. Et le jour où on veut agir, il peut être difficile de se faire comprendre, puisqu’on n’a pas exprimé son désaccord dès la première fois.
4/ Parler du problème et c’est tout
Je prends mon courage à deux mains pour lancer le sujet sur son manque d’implication dans l’entretien de la maison. L’autre admet volontiers qu’il/elle a négligé cet aspect ces derniers temps.
Je suis satisfait(e), puis dans les jours, semaines qui suivent, je ne vois rien changer et la colère monte. Alors, j’en reparle, cette fois avec un ton moins gentil. J’obtiendrai une vague promesse et des excuses, sauf que les faits ne changeront pas.
Pourquoi cela ne marche pas ? Lors de la discussion, les faits sont en général exposés, parfois les sentiments que cela fait vivre, mais il est rarement évoqué les conséquences concrètes pour le couple. Encore plus rarement, un accord sincère, écrit, précis est passé entre les deux parties. Et ne sont pas non plus précisées les répercussions si l’un des deux ne remplit pas sa part.
C’est difficile de traiter son couple comme on pourrait traiter une relation d’affaire. Pourtant, cela permet souvent de trouver de vrais compromis et de développer la reconnaissance et le respect au sein du couple.
5/ Menacer l’autre, faire du chantage
Je n’en peux plus, alors je menace, je me venge dans d’autres domaines. Ah, tu me dévalorises devant nos amis, tu vas voir ce que cela fait. La campagne offensive de dénigrement (là où cela fera mal) est engagée (auprès de la famille, des enfants, des collègues, des amis).
Pourquoi cela ne marche pas ? Parce qu’évidemment, ce type d’attitudes ne fait qu’amplifier les conflits et dégrade la relation avec l’autre autant qu’avec soi. Est-on vraiment fier(ère) de soi quand on critique l’autre ou quand on le prive de sexe en représailles. Les deux parties sont perdantes.
De plus, pour peu que l’autre ne montre pas qu’il est affecté, un sentiment d’impuissance peut s’installer. On va se dire que quoique qu’on fasse, c’est sans espoir.
6/ Perdre espoir, partir
Je n’y crois plus. J’ai beau l’aimer, la vie avec lui/elle est trop difficile. Autant partir et tenter de trouver quelqu’un de mieux pour moi.
Pourquoi cela ne marche pas ? Quand on ne résout pas ses problèmes de couple avant de partir, il y a de forte chance qu’on vive la même chose avec un autre partenaire. Cela peut même être pire qu’avec le premier. Ce n’est pas dans la fuite que la vie va être meilleure. Un travail sur soi est nécessaire pour changer sa réalité.
La puissance du mental
Avez-vous remarqué que même quand une méthode ne marche pas, on continue quand même. C’est comme un automatisme. Est-ce que cela a du sens de s’obstiner quand les résultats attendus ne sont pas là ?
Donc, vu qu’aucune de ces attitudes n’est efficace à résoudre vos difficultés, sortez-en.
Oui, mais que faire ? Souvent, je demande aux personnes qui viennent me voir de prendre des risques, de tester de nouvelles pratiques. En expérimentant, on fini par trouver ce qui nous convient le mieux. Sachant que rien n’est immuable.
Plus nous expérimentons de nouvelles attitudes, malgré le désaccord de votre mental, qui lui préfère que rien ne change, plus nous constatons que rien de dramatique ne se produit, même en cas d’échec. C’est la seule manière de rassurer petit à petit notre mental et d’aller de l’avant avec davantage de facilité.
Dépasser nos peurs
Voici quelques propositions :
- oser être vrai(e) avec l’autre, même si on craint de se faire critiquer, rejeter, humilier, agresser. Il est finalement assez rare que l’autre nous démolisse quand on ne l’accuse pas. Parlez seulement de vous.
- prendre des engagements réciproques et les tenir. Il ne s’agit pas de contrôler l’autre. Il s’agit de donner une direction commune au couple.
Quand on signe un contrat de travail, il est clairement indiqué ce qu’on doit accomplir et la contrepartie financière qui sera accordée. Si l’une des parties ne respecte pas les clauses, la relation se rompt ou est amenée devant les tribunaux en cas de conflit. Il y a fort à parier que la partie lésée obtienne une réparation pour le non respect des clauses.
Donc, à deux, écrivons le contrat que l’on veut vivre et les éventuelles réparations en cas de non respect du contrat. Bien sûr, c’est une nouvelle façon de faire et il n’est pas si facile de se demander ce qu’on veut vraiment ! Là encore, l’ego ne veut pas nous aider, des peurs émergent : je suis trop exigeant(e)s, irréalistes, de quel droit je peux demander cela à l’autre, je vais le/la perdre, je ne sais pas ce que je veux, il/elle ne voudra jamais en parler avec moi, ….
Pour reprendre le domaine du travail, si dans le contrat, il est précisé que je dois accueillir les clients, fixer des rendez-vous alors que je veux faire la comptabilité, il est probable que je ne signe pas (ou alors j’accepte en pleine conscience que j’agis pour couvrir mes besoins fondamentaux d’avoir à manger et un toit au dessus de ma tête).
Alors dans votre couple, si l’un veut des enfants et pas l’autre, signerez-vous en pleine conscience ? Si l’un veut une vie dans la nature et l’autre vivre dans l’effervescence de la ville, vous engagerez-vous avec cette personne en pleine conscience ?
Si vous avez déjà signé et que vous n’êtes plus du tout raccord, il est possible qu’il faille rompre mais au moins, il y aura eu une révélation et il est probable que la séparation se passe dans de meilleures conditions.
Dans un couple, les deux personnes évoluent au fil des années. Il peut arriver que nos désirs de vie, communs au départ, ne soient plus les mêmes au bout de 15 ans. Il est nécessaire d’ajuster le contenu du contrat régulièrement.
- voir que l’autre est un miroir de soi et apprendre à travers lui plutôt que le critiquer, le rejeter. Il s’agit de transformer sa vision de la situation. Voir l’article sur le triangle de la vie pour utiliser cet outil.
- expérimenter de nouvelles versions de couple. Il y a un champ grand ouvert pour la créativité, à nous de faire nos essais, évidemment en acceptant dès le départ que cela ne va peut-être pas donner les résultats que nous espérons, puisque c’est une première pour nous.
A vous de battre les cartes du jeu !